Carine COURTAUDIERE, femme du bâtiment

Publié le 18/09/2018

Carine COURTAUDIERE, femme du bâtiment

Juriste en droit social à la FFB 86 pendant dix ans, Carine COURTAUDIERE a succédé, le 1er août dernier, à Philippe Huet au secrétariat général de la Fédération. Une promotion qui épouse les contours d’un engagement sans faille à la défense des intérêts de la profession.

A l’image de son prédécesseur, elle laisse volontiers la porte de son grand bureau ouverte sur la rencontre et le dialogue. Avec la même aménité que celle affichée, pendant un peu plus de dix ans, par Philippe Huet, Carine COURTAUDIERE se plie de bonne grâce à l’échange constructif. Large sourire aux lèvres, l’ancienne juriste de la FFB évoque sans ciller son choix de franchir le Rubicon de l’engagement durable. « Devenir secrétaire général était pour moi l’occasion d’affirmer encore un peu plus mes convictions, de devenir force de proposition, de mettre en œuvre les décisions prises par l’exécutif. La FFB a des valeurs et des adhérents (*) que je défends depuis une décennie. Je continuerai de les défendre, sans doute encore plus intensément. »
Enthousiaste et déterminée, la Poitevine de naissance, titulaire d’un master 2 en droit du travail et gestion RH, est prête à braver les vents contraires, notamment les supposées réticences du secteur à faire confiance à une… femme. « De ce côté-là, je n’ai pas d’appréhension particulière, coupe-t-elle. Je ne considère pas ce postulat comme un handicap. La profession a évolué, elle s’est rajeunie, féminisée aussi, comme en atteste le nombre grandissant de dirigeantes dans le département. Au sein de la communauté groupes femmes, j’ai pu mesurer combien la parole des cheffes d’entreprise était écoutée et leur action respectée. Elles jouissent au-delà d’une belle représentativité, à la fois au Conseil d’administration de la FFB et au sein de son bureau exécutif. Tout cela me fait dire que l’idée, trop souvent convenue, selon laquelle les professionnels du bâtiment seraient des misogynes invétérés a vécu. » 

Une proximité accrue avec les artisans

Ces précisions -essentielles- apportées, la nouvelle « SG » reprend son bâton de pèlerin, tournant une à une les pages des dossiers pour lesquels elle entend se battre corps et âme. Le premier d’entre eux est brûlant et concerne la proximité renforcée de la FFB avec les TPE du territoire. « « Pour la première fois de son histoire, la Fédé est reconnue représentative des intérêts des entreprises de moins de dix salariés par comptage officiel de ses adhérents, validé par le ministère. Quand on sait que 85% de nos adhérents sont à la tête de structures de ce type, je me dis que notre travail de terrain va être facilité et consolidé. » 
Parce que les artisans ont souvent peu de temps devant eux, Carine milite pour le renforcement des réunions et points de contacts délocalisés. « Histoire que nos professionnels œuvrant en milieu rural, notamment, ne soient pas des laissés pour compte. »

Exergue : « Ce qui s’était passé avec le Center Parcs doit servir d’exemple. »

L’information et le conseil passant par la densification des relations humaines, la FFB s’est également engagée à rompre l’isolement de ses ressortissants. La création, il y a quatre ans, de point-de-rupture.com, cellule d’accompagnement psychologique des entrepreneurs en souffrance, a permis de briser quelques tabous. Carine COURTAUDIERE ne saurait dévier de la voie tracée. « Cet outil a déjà fait ses preuves, mais il faut encore communiquer dessus. Quand l’investissement entrepreneurial devient trop lourd à porter, le repli sur soi est monnaie courante. Nous voulons absolument que ce regard et ces attitudes changent, montrer à tous que nous pouvons les aider, qu’une simple écoute téléphonique ou des entretiens collectifs, en petits groupes, encadrés par des psychologues, peuvent éclairer bien des horizons. »

L’apprentissage en pole


Et l’activité générale du bâtiment, nous direz-vous ? Là-dessus aussi, Carine COURTAUDIERE a un avis éclairé. « L’année 2018 a été globalement un bon cru. Mais les carnets de commande ne sont toujours pas aussi pleins que nous pourrions l’espérer, notamment dans le gros œuvre. » Et plus encore pour ceux qui ont fait du marché public leur principal terrain d’expression. « Les gros projets ne sont pas légion, poursuit Carine. C’est pourquoi nous nous montrerons particulièrement vigilants sur le choix des entreprises amenées à opérer sur le futur chantier de l’Arena, au Futuroscope. Ce qui s’était passé avec le Center Parcs doit servir d’exemple. Recruter en local permettra à bon nombre de sociétés d’assurer leur survie. »
L’avènement de la carte BTP, propre à lutter activement contre la recrudescence des travailleurs détachés ou le recul du pouvoir politique sur le projet de compte pénibilité comptent également parmi les victoires remportées par la FFB et sa secrétaire générale. Un dernier titille sa conscience : la réforme annoncée de la formation professionnelle et de l’apprentissage. « Dans le domaine, nous avons pris du retard. Le bâtiment manque de main-d’œuvre qualifiée. Le fait que notre CFA ait perdu 350 apprentis en dix ans n’est peut-être pas étranger à cette pénurie. Plus que jamais, l’apprentissage comme voie d’excellence doit s’imposer dans les esprits. » Ceux des adolescents, de leurs parents, de l’Education nationale et des entreprises elles-mêmes. Un long et difficile combat s’annonce. Il n’en sera que plus passionnant.

(*) 400 environ, représentant 4 600 salariés

Fédération du Bâtiment et des Travaux Publics de la Vienne
26, rue Salvador Allende
86000 Poitiers
Tél. 05 49 61 20 68.