« L’internationalisation ne s’improvise pas »

Publié le 18/04/2019

« L’internationalisation ne s’improvise pas »

Créé en 1989, MEDEF International a pour mission de représenter le MEDEF dans le monde et de renforcer, par des actions collectives, la position des entreprises françaises à l’international. Entretien avec Timothée BOUTELOUP, directeur, en charge du développement commercial, des territoires, partenariat et filières.

Apparaît-il essentiel, aujourd’hui, pour les entreprises françaises, notamment pour les plus petites d’entre elles (PME-PMI, TPE-TPE) d’exporter leur savoir-faire et leur production à l’étranger ? De s’implanter ? De créer de la croissance externalisée ?

Le marché français représente tout au plus 3% du PIB mondial et moins d’1% de la population mondiale. Le PIB mondial croît bien plus rapidement que le PIB français sous les effets de la démographie ou de la diffusion des technologies appliquées à l’ensemble des secteurs économiques. Dans notre pays, la croissance est relativement limitée. Aller à l’international semble donc indispensable pour bénéficier de relais de croissance et donc de débouchés économiques. Le savoir-faire français est très apprécié à l’étranger et attaché à des notions de qualité : formation, prise en compte des impacts sociaux, sociétaux et environnementaux... Seulement, cette internationalisation, par l’export de biens ou de services, ou bien par l’implantation, ne s’improvise pas. Elle demande des investissements lourds en temps, en formation, en ressources humaines, en adaptation des produits ou des services, en connaissance des risques (qui se gèrent toujours) et des réseaux locaux adéquats...

Quels secteurs sont les plus ouverts sur l’export ? Existe-t-il par ailleurs des « passerelles naturelles » entre la France et certains continents, certaines régions, certains pays ? Le Maghreb, par exemple ?

L’ensemble des secteurs sont concernés. À y regarder de plus près, notre balance commerciale, pourtant largement déficitaire, connaît quelques secteurs excédentaires. C’est notamment le cas de l’agroalimentaire, de la pharmacie, du luxe ou de l’aéronautique. De manière pragmatique, les pays de langue française peuvent être considérés comme plus aisés. Deux pays tendent à commercer davantage (65% de plus) lorsqu’ils partagent une langue. Ces pays partagent également avec nous un droit continental qui s’inspire du droit français, ce qui peut faciliter une première approche. Le commerce sur un même fuseau horaire avec l’Afrique, l’Eurasie ou le Proche et le Moyen-Orient est également parfois plus facile à mettre en œuvre dans un premier temps. 

Si les entreprises hésitent encore à s’engager à l’export, n’est-ce pas, aussi, par méconnaissance des outils d‘accompagnement mis à leur disposition. À ce titre, dans quelle mesure MEDEF international et ses partenaires les aident-ils à trouver leur voie ?

Il existe, en France, de nombreux outils d’accompagnement privés et publics. Chacun avec leurs spécificités et leurs avantages. Cette offre riche est souhaitable, car adaptée à la diversité des profils des entreprises désirant partir à l’export. L’international doit être un choix économique voulu par l’ensemble des dirigeants de l’entreprise et non pas le fruit d’un opportunisme lié à une subvention, par essence temporaire. A MEDEF International, nous œuvrons, depuis trente ans, à des actions collectives et organisons deux cents événements par an pour mettre en relation les entreprises - TPE, PME, ETI, grands groupes - avec les décideurs et donneurs d’ordre étrangers. Notre spécificité est de créer des réseaux d’entrepreneurs qui permettent à l’entreprise de trouver des réponses opérationnelles et de créer des passerelles formidables, en encourageant le partage d’expériences. Quand on sait que 40% de l’export français est réalisé par cent entreprises, il est indispensable de pouvoir se lancer à l’international en équipe. 

« Pour oser l’international, il faut faire preuve d’un certain état d’esprit. »


LA PHRASE

« On compte un peu plus de 120 000 entreprises régulièrement actives à l’export en France (soit 3% de nos entreprises). C’est le double en Italie et le triple en Allemagne. Pour oser l’international, il faut bien sûr mettre en avant des produits et des services de qualité, mais également faire preuve d’un certain état d’esprit et avoir des soft skills -ou compétences comportementales- à diffuser. Un entrepreneur qui se lance à l’international et y connaît un échec n’osera plus s‘y aventurer. Il est donc impératif de bien structurer en amont l’ensemble des services de l’entreprise (comptable, juridique, production, logistique, communication...) dans l’optique de devoir faire face à un surcroît de demandes. Il est tout aussi important de bien préparer son projet international pour atténuer les risques, en disposant d’un bon partenaire local, en étant connecté aux bons réseaux, en échangeant et en partageant avec d’autres dirigeants d’entreprise actifs sur le marché visé. »